Les femmes sont drôles (Tu en doutes? Va faire un tour sur la BD de Mirion Malle) et, monde merveilleux, depuis peu, on leur laisse de plus en plus l’opportunité d’en faire la preuve.
Les portes du boys club de l’humour s’entrouvrent, et c’est l’occasion de découvrir des meufs qui envoient du bois : petit top des humoristEs à découvrir en ce moment sur Netflix, histoire de se faire du bien !

#4 Michelle Wolf
Michelle Wolf est une humoriste américaine, autrice pour le Daily Show. Son dernier fait d’armes ? Se faire censurer en direct lors de son discours au dîner annuel de l’Association des correspondants de la Maison-Blanche : elle y a tellement attaqué l’administration Trump que la chaîne de télé qui retransmettait l’émission a décidé d’interrompre la diffusion, par peur des représailles !
Depuis le début du mois de juin 2018, Netflix a décidé de profiter de sa grande liberté éditoriale pour lui permettre de produire et présenter un nouveau programme, intitulé “the Break with Michelle Wolf”. Il s’agit d’un format 20 minutes, qui peut rappeler Last Week Tonight avec John Oliver, dans lequel elle revient sur l’actualité de la semaine, et où elle invente dans chaque épisode des nouvelles rubriques ; le tout interrompu de fausses publicités absurdes ou de mini court-métrages.
#3 Sarah Silverman
Autrice pour le Saturday Night Live, actrice dans de nombreux dessins animés (des Simpsons aux “Mondes de Ralph”), Sarah Silverman s’est surtout fait connaître pour son mauvais goût. De l’holocauste au viol, en passant par la maladie ou l’euthanasie de son chien, les sujets les plus trash y passent. Un cynisme qui lui a valu la description “the best at being bad” (“la meilleure du pire”), et qui n’est drôle que parce qu’il vient d’une personne concernée.
Celleux n’aimant pas la vulgarité feront aussi bien de passer leur chemin, mais notez tout de même qu’elle s’en sert surtout comme contraste. Au milieu du cynisme, j’ai découvert une femme super sensible, décalée, capable de parler de politique internationale aussi bien que de philosophie, émaillant son spectacle de moments de poésie. Moments qui lui ont d’ailleurs donné son titre : “A speck of Dust” (“nous ne sommes que des grains de poussière”).
Vétérante des plateaux, Sarah Silverman est sur scène comme à la maison, et entretient un réel rapport avec son public. Une de ses blagues récurrentes est d’ailleurs de dire qu’elle est autant spectatrice des réactions du public que l’inverse, et j’aime la manière dont cela nous fait réfléchir : pourquoi rit-on à ceci plutôt qu’à cela ? Est-on vraiment à l’aise avec notre rire ? Où se situent nos gênes ?
#2 Chelsea Peretti
“One of the Greats” dure 1heure 10 : on ne les voit pas passer. J’ai passé un très bon moment devant cet excellent spectacle, léger sans être stupide, sincère sans être naïf. J’ai aimé découvrir cette femme drôle, bizarre, qui nous fait part des petits scénarios improbables qui prennent place dans sa tête.
“One of the Greats” parle de tout et de rien, mais principalement en ligne. Du #nomakeup sur instagram aux photos de fiançailles de ses amis facebook, en passant par une séance de dickpics, on comprend vite que Chelsea Peretti préfère la compagnie de son téléphone portable à celles des inconnu·e·s en soirées. Hyperconnectée, elle maitrise les arcanes de la twittersphere sur le bout des doigts (le fait que son frère soit à la tête d’un empire médiatique — cofondateur de Buzzfedd et du Huffington Post — n’y est peut-être par pour rien ?) : la conversation en revanche, ça a l’air un peu plus difficile … surtout si on lui demande faire du “small-talk”.
#1 Hannah Gadsby
J’avais découvert Hannah Gadsby en tant que comédienne il y a quelques années dans l’excellente série “Please like me” ; je l’ai redécouverte peu après en tant qu’humoriste. Et quelle découverte. J’ai passé une heure accrochée à mon siège. J’ai ri, j’ai rêvé, j’ai pleuré. J’ai appris des choses sur l’histoire de l’art, j’ai pris une leçon de politique, j’ai pris une leçon de philosophie. Une vraie claque.
Hannah est aussi timide qu’intense. Toute en réserve (“le son que j’aime le plus au monde est celui d’une tasse de thé qu’on repose dans sa soucoupe”), avec une intensité bouillant sous la surface, et de justes colères. On se prend sa sensibilité en plein cœur : une sensibilité à fleur de peau qui ne prend jamais personne pour cible… sauf peut-être Picasso.
En voyant le spectacle d’Hannah Gatsby, j’ai repensé à celui que nous avait livré Carrie Fisher “Wishful drinking” : ce genre de spectacles vont au delà du stand-up. Il s’agit d’y voyager, d’entendre des histoires et un récit de vie, d’accueillir des perles de sagesse sous forme d’humour. Quel plaisir de recevoir l‘intelligence d’une femme qui est, pour reprendre ses mots, “dans la fleur de l’âge”.
J’avais beaucoup aimé Hannah Gadsby, c’est assez rare de voir des artistes stand-up parler de malaisance sociale, d’introversion, etc. Certains moments sont vraiment bouleversants.
J’avais aussi bien aimé Katherine Ryan et Taylor Tomlinson sur Netflix.