
1. Dear White People
Basée sur le film du même nom, la série Dear White People se penche sur la vie d’une bande d’étudiants noirs dans un prestigieux campus américain. Légère et rythmée, la sitcom aborde avec pertinence et humour la question des discriminations, et des conséquences qu’elles ont sur les vies des personnes concernées. Un arc narratif intéressant y oppose les deux personnages principaux : alors que la première dénonce frontalement le racisme pour faire bouger les lignes de manière collective et consciente, la deuxième décide de jouer le jeu du système pour mieux évoluer depuis l’intérieur, et vaincre les obstacles oppressifs à un niveau individuel.
Les questions soulevées par la série sont d’actualité et abordées avec finesse : quand on est victime d’une oppression, est-il plus pertinent de l’affronter de manière systémique ou individuelle ? A partir de quel moment collabore-t-on à l’oppression ? Est ce un compromis acceptable si on collabore dans l’idée de monter en grade dans un système que l’on veut détruire de l’intérieur ? A quoi sert-il de se battre pour un monde plus épanouissant si cela vous rend malheureux ?
Pas de bon point pour les personnages d’ “activistes féministes”, dont la caricature est anecdotique mais crispante, mais une mention spéciale pour les personnages masculins, qui sont divers et intéressants (y compris le personnage de l’ “allié blanc”).
2. Casual
Valerie est une thérapeute d’une quarantaine d’années, qui vient de quitter son mari après avoir découvert qu’il la trompait avec une femme plus jeune. Suite à sa séparation, elle emménage avec son petit frère trentenaire, qui l’inscrit sur l’application de rencontre qu’il a créée. Après réflexion, elle décide de non seulement jouer le jeu du dating, mais de s’y inscrire en mode “casual” (c’est à dire pour des rencontres “non-sérieuses”).
La série explore de manière touchante les difficultés des rapports amoureux à l’ère numérique, en particulier pour les personnes n’étant pas des “digital natives”. J’ai beaucoup apprécié les nuances des personnages, le soin apporté à l’atmosphère, ainsi que la description hilarante des relations qu’on peut entretenir à l’âge adulte avec des parents toxiques. Un coup de chapeau particulier à Frances Coroy, qui reprend ici avec brio un rôle très similaire à celui qu’elle avait dans Six Feet Under.
3. Crazy Ex-Girlfriend
Rebecca Bunch est une avocate diplômée de Harvard ET de Yale, à qui l’on propose de devenir associée d’un grand cabinet. Seulement, Rébecca va plutôt décider de renoncer à sa promotion, de tout plaquer, et de déménager à l’autre bout des États-Unis POUR UN HOMME
…qui ne veut pas d’elle.
Cette série qui emprunte la forme de la comédie musicale aborde un sujet je ne crois pas avoir vu traité auparavant, et qui m’a vraiment fait l’effet d’un franchissement de tabou : la réalisatrice Rachel Bloom nous y dit que, quelque soit notre talent, lorsqu’en tant que femme nous faisons tourner toute notre vie autour des hommes, nous devenons pathétiques. Et elle ne contente pas de pointer ce pathos : elle s’en délecte, en y trouvant des ressort comiques sans cesse renouvelés. Elle tape juste, et ça fait mal. Et ça fait du bien (je vous mets au défi de ne pas vous reconnaître dans cette chanson sur la manière dont les femmes se nourrissent de “miettes d’amour”). Avec une grande pertinence, Bloom s’interroge sur la manière dont les obsessions amoureuses sont parfois bien utiles aux femmes pour ne pas avoir à définir qui nous sommes en dehors d’elles.
Vous l’aurez compris, cette série se penche avec beaucoup de finesse sur les clichés des comédies romantiques. Mais ce n’est pas tout ! Au fur et à mesure des saisons, on y revient en musique sur les injonctions paradoxales qui assaillent les femmes, sur les contradictions internes du féminisme libéral (par exemple dans ce clip hilarant qui nous enjoint à être indépendantes… afin d’attirer les hommes), sur la possibilité de la sororité, sur les hauts et bas d’une vie professionnelle et personnelle quand on souffre de problèmes mentaux. Les premières saisons sont fines, surprenantes, régulièrement hilarantes. On peut sauter les 2 dernières saisons.
4. Marvel’s Agent Carter
Peggy Carter est l’héroïne d’une série d’aventure Marvel : à regarder si vous cherchez une série légère et feel-good, en lignée directe des films “Avengers”.
L’Amérique des années 50 n’est pas un endroit agréable pour les femmes, et beaucoup de gens auraient sans doute préféré voir Peggy Carter aux fourneaux. Seulement, pas si facile de reléguer celle qui a aidé Captain America à combattre les nazis et à sauver le monde ! En conséquence de quoi, le gouvernement américain n’a pu faire autrement que de lui attribuer une place au SHIELD, le bureau d’agents secrets du surnaturel qui était jusque là entièrement masculin.
Peggy est sans conteste la plus compétente et badass des employés du bureau, ce qui n’empêche pas ses affreux collègues de la moquer et de la cantonner à servir le café. Qu’à cela ne tienne, rien n’arrête Miss Carter, qui mènera ses enquêtes de son côté, et trouvera un compagnon d’aventure digne de confiance en la personne de Jarvis, le majordome d’Howard Stark (le papa d’Iron Man, si vous avez bien suivi).
Un dynamic duo, rétro juste ce qu’il faut, qu’on peut même s’amuser à regarder en famille !
5. Dirk Gently’s holistic Agency
Fraîche, ingénieuse, hilarante : Dirk Gently est sans doute une de mes séries préférées des dernières années. Dans la droite ligne du Guide du voyageur intergalactique, Douglas Adams nous régale d’humour absurde et d’aventures loufoques, à l’humour noir so british.
Oui, les deux personnages principaux sont masculins, mais :
1)Ils sont adorablement non-machistes et non-conformes aux stéréotypes du genre masculin. J’ai personnellement un total crush sur Dirk Gently (même si je ne suis pas bien sûre qu’il soit attiré par les femmes, ou même par les humaines ^^)
2) Les personnages féminins sont super intéressants, nuancés et badass (en particulier dans la saison 2)
3) Et enfin, la série a une caractéristique que j’adore : les personnages pourraient indifféremment être genderswappés (interchangés en terme de genres : en mettant des hommes à la place des personnages féminins ou des femmes à la place des personnages masculins), et ça ne changerait RIEN à l’histoire. À mes yeux, on touche ici du doigt le réel aboutissement du féminisme : faire face à des personnes qui ont des personnalités et caractéristiques propres qui ne soient pas définies par leurs organes biologiques !
6. Marvelous Mrs Maisel
Miriam Maisel est une parfaite femme au foyer de la bourgeoisie newyorkaise des années 60. Si parfaite, qu’elle accompagne même son mari lorsqu’il va faire du stand-up, en dépit de ses piètres performances. Mais quand Miriam apprend que Joel l’a trompée, quelque chose vrille : désespérée, elle envoie valdinguer les apparences, se rend sur scène, improvise… et découvre qu’elle a un incroyable talent pour le stand-up. Un fait qui n’échappe ni au public, ni à l’agente artistique Susie Myerson.
Dialogues rapides, personnages féminins brillants et atmosphère surannée : on retrouve les touches de la réalisatrice de Gilmore Girls. S’y ajoutent un hommage au monde de la scène et un humour absurde décapant, qui prennent toute leur mesure dans la saison 2.