
1. The Bletchley Circle (Thriller historique)
En 2014, le film the Imitation Game mettait à l’honneur le rôle du cryptographe Alan Turing durant la seconde guerre mondiale, en traitant de son travail de décodage des communications nazies. Si le film a eu le mérite de faire sortir ce brillant intellectuel homosexuel des poubelles de l’histoire, il a cependant omis d’en faire autant des 8000 autres personnes qui travaillaient au centre de crypto-analyse de Bletchley, et qui étaient en grande partie des femmes. C’est désormais chose faite grâce à la série The Bletchley circle, qui s’est basée sur ce vrai background pour imaginer un groupe secret de femmes détectives.
Située 7 ans après la fin de la guerre, la saison 1 met en scène 4 anciennes analystes qui reprennent du service pour arrêter un serial killer. La saison 2 se passe dans les années 60 à San Francisco, et est également de bonne qualité.
2. Alias Grace (Thriller historique)
Basée sur une nouvelle de Margaret Atwood (autrice de The Handmaid’s tale ainsi que de la fabuleuse trilogie MaddAddam), la série Alias Grace nous plonge dans un thriller haletant et sans concession. Au cours des six épisodes de la mini-série, on suit le récit autobiographique que Grace, une prisonnière accusée de meurtre, fait au psy chargé de l’étude de son cas.
La réalisatrice Sarah Polley avait acheté les droits d’adaptation de cette fiction depuis des dizaines d’années, mais c’est uniquement grâce au climat féministe actuel qu’elle a enfin réussi à la faire produire. Un pari réussi, puisque ce fait divers datant de 1843 trouve un réel écho à notre époque.
Le propos de l’histoire est radical et dérangeant : l’aliénation des femmes y est mise en scène de manière étouffante, dans un monde où la violence des hommes les cerne de toutes parts, et où il n’y a souvent aucune échappatoire possible. On ressort de cette série émue, les yeux encore pleins des détails de la mise en scène et des nuances de l’interprétation. Une mention spéciale au travail des costumes et décors.
TW : la série comporte de fréquentes scènes de violence et de trauma, ainsi qu’un fort climat de violence psychologique.
3. Big Little Lies (Drama thriller)
Un meurtre a eu lieu dans une école. Quelques mois auparavant, deux enfants se sont disputés lors du premier jour de classe. 7 épisodes nous dévoilent ce qu’il se passe entre ces deux événements.
Cette mini-série thriller au casting trois étoiles (Reese Witherspoon et Nicole Kidman, qui se sont démenées pour faire produire la série ; Shailene Woodley de Divergente, et Alexander Skarsgård) nous expose un scénario superbement ficelé, et des personnages tout en finesse.
Cette fiction nous parle de femmes, et mieux, elle nous parle de mamans entre 20 et 50 ans, et de la difficulté à déconstruire la rivalité féminine pour laisser place à de la sororité. On y découvre comment les comportements agressifs ou toxiques des femmes se construisent à partir des violences et pressions qu’elles vivent. C’est subtil et ça tape juste.
TW : la série comporte des scènes de violence vraiment dérangeantes, mais il y a un traitement dessus, ce n’est pas gratuit, c’est au contraire un des sujets au coeur du scénario.
4. Genius — Saison 1 (Drama historique)
Les scénaristes de cette série-bopic sur Albert Einstein ont eu le bon goût de réhabiliter le rôle de Mileva Maric (première femme d’Einstein) dans les découvertes historiques sur la relativité. Et didiou, il était temps que quelqu’un s’en charge !
L’actrice qui joue Mileva, Samantha Colley, est formidable. Elle dresse un portrait extrêmement poignant d’une femme supérieurement intelligente qui, en se mariant par amour à son partenaire intellectuel, se retrouve confinée aux travaux domestiques, calculant des équations qui changeront le monde entre deux pleurs de bébés. On ne peut qu’empathiser avec cette héroïne, condamnée à vivre dans l’ombre de celui qui est désormais son mari et qui est ici dépeint comme un insupportable “nice guy”. Intelligemment, le parcours de Mileva Maric est mis en parallèle à celui d’une autre grande femme de la recherche qui vivait à son époque (et qui a elle aussi subi très durement l’oppression machiste) : Marie Curie.
5. Marvel’s Jessica Jones (Série d’aventure/thriller)
La série Jessica Jones est basée sur un comics Marvel mettant en scène une détective privée à la force surhumaine. L’héroïne y cumule tous les clichés des polars classiques (asociable, alcoolique, et brillante), ici utilisés pour parler des traumas féminins.
Intelligemment, la série aborde les conséquences des violences psychologiques, et les super-pouvoirs y sont utilisés pour illustrer les dynamiques de l’abus. En fin de compte, il s’agit d’un duel entre un homme capable de manipuler les gens pour leur faire faire ce qu’il veut (allégorie du pervers narcissique) et d’une femme dont il s’échine à employer la force contre elle-même.
Je trouve que la série met parfaitement en scène la force nécessaire à échapper à une relation abusive d’emprise, et les traumatismes qui peuvent en découler et empêcher une personne de se reconstruire. On y comprend bien pourquoi on appelle les victimes de violences masculines “les survivantes”.
6. Anne with an E (Drama/série d’aventure)
Visionnable à tout âge, la série Anne with an E retrace l’histoire d’une jeune fille orpheline qui cherche à être adoptée par un couple de paysans au début du 20ème siècle.
Anne est une jeune fille singulière : rousse, surdouée, fantasque… elle a du mal à trouver sa place dans une société du début du 20ème siècle qui attend des femmes qu’elles soient belles et dociles. Non seulement Anne ne sait pas toujours se comporter comme il est attendu qu’une enfant (en particulier une fille) se comporte, mais elle souffre de flashs traumatiques dûs aux séjours dans des familles d’accueil maltraitantes, et doit se dépatouiller pour gérer ses moments de panique.
Pleine d’émotions, la série remue, mais on en ressort renforcée en constatant qu’Anne oppose aux épreuves une joie de vivre et une fantaisie à toute épreuve, et développe une force de caractère exceptionnelle. Des points bonus pour les relations d’amitié entre filles, le traitement des familles recomposées, et les nombreuses manières dont on nous y encourage à apprécier la différence.
Par les thèmes qu’elle aborde et la sincérité qui s’en dégage, je trouve qu’Anne with an E est une vraie petite perle féministe 🙂
7. Gentleman Jack (Drama historique/comédie)
La série est basée sur les vrais journaux intimes d’Anne Lister, que la réalisatrice décrit comme « une des femmes les plus exubérantes, passionnantes et brillantes de l’histoire britannique ». Aristocrate du 18ème siècle, Anne Lister refuse de rester cantonnée à son rôle de femme, et veut faire tout ce que les hommes peuvent faire. Cela comprenant aussi bien gérer des industries minières, que partir en explorations aux quatre coins du monde … ou séduire les jeunes femmes riches de son voisinage. Des manières qui lui vaudront le surnom moqueur de « Gentleman Jack ».
On découvre un personnage aussi audacieux que drôle, plein de paradoxes : une aristocrate lesbienne farouchement royaliste et antiégalitariste.
Afin de faire honneur aux journaux intimes sur lesquels elle s’est basée, la réalisatrice a intelligemment opté pour un format comique, où l’héroïne nous parle directement, en transgressant le 4ème mur.
8. Dietland (Thriller Punk)
Alicia « Plum » Kettle est la rédactrice courrier du coeur d’un grand journal féminin. Ou plus exactement, elle est la prête-plume de celle qui se fait passer pour la rédactrice, puisqu’Alicia ne correspond pas aux critères physiques que le magazine réclame à ses autrices. Alors qu’elle envisage un énième régime, Alicia est contactée par une bande de femmes subversives, qui tentent de l’encourager à s’affirmer telle qu’elle est.
Basée sur un humour très noir, et avec un propos féministe radical, cette série est sans doute une des propositions les plus osées et politiques que j’ai pu voir les dernières années. C’est sans doute pour cette raison qu’elle n’a jamais été renouvelée, nous obligeant à nous contenter d’une trop courte, mais riche, saison 1.
